
Une boutique et son contenu en restauration
Si la boutique Cayla, avec sa devanture, est l’objet d’une restauration de grande ampleur, son contenu – instruments, partitions, disques, affiches, etc. – nécessite aussi l’intervention de restaurateurs du patrimoine. Aussi l’équipe de conservation de la Cité a-t-elle soumis à la commission de restauration du 4 octobre quatre objets ayant appartenus à Martin Cayla.
Restaurer ces objets c’est enrayer leur dégradation et garantir leur intégrité historique et esthétique en vue, dans notre cas, de leur mise en exposition permanente.
Ce sont donc une grelotière, un soufflet de cabrette, une cornemuse et un gramophone qui partent en restauration.
Un gramophone en restauration
S’il est difficile de dater avec précision le gramophone en question, sa forme particulière le classe dans la catégorie des gramophones-valises (ou phono-valises) qui prennent leur essor et se popularisent au cours des années 1920-1930. Pendant près d’un siècle, le temps a fait son œuvre sur ce gramophone qui pâtit aujourd’hui d’un état d’encrassement et d’empoussièrement non négligeable, d’oxydation des parties métalliques, d’une usure des matériaux textiles et d’un décollement du compartiment à disques. La restauration consistera donc en un dépoussiérage et nettoyage de l’objet, un traitement et une stabilisation des éléments métalliques oxydés, ainsi que d’opérations de remise en état.
Une révolution musicale
Le gramophone est un instrument qui permet de jouer mécaniquement de la musique. Il est inventé et breveté par l’Allemand Emile Berliner en 1887 et développé par sa firme dans les années qui suivent. Il constitue, avec le phonographe à cylindre de Thomas Edison, une véritable révolution dans le domaine musical. Si jusqu’alors la musique n’était appréciée qu’en direct, il est désormais possible avec le gramophone d’écouter des morceaux enregistrés. Les compagnies qui les produisent ont tout intérêt à ce qu’un large choix de disques soit proposé à leurs clients : elles deviennent peu à peu maisons d’édition et donnent naissance à une nouvelle industrie musicale. Le gramophone, reconnaissable par son large pavillon caractéristique devient vite un objet iconique du début du XXème siècle.
Le tourne-disque de Martin Cayla fait partie de la deuxième génération de gramophone inventée dans les années 1910, celle des gramophones-valises, soit les gramophones transportables. Légers et compacts, ils deviennent rapidement une source de divertissement pour les soldats dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Au sortir de la guerre, les classes populaires s’en emparent et le gramophone-valise devient un incontournable du paysage musical de l’entre-deux-guerres.
Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans la boutique de Martin Cayla, ouverte en 1938, un gramophone-valise qui permet d’évoquer cette période de mutation du rapport à la musique.